lundi 14 juillet 2014

Convalescence - Jean-Michel Maulpoix


Convalescence du bleu après l’averse…

Le ciel se recolore. Les arbres s’égouttent et le pavé boit. La ville aussi essaie des phrases. Rires mouillés et pluie de pieds nus. On dirait que le paysage est tout éclaboussé de croyance.

On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tablier de toile ou dans une corbeille d’osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.

On voudrait, on regarde, on sait qu’on ne peut en faire plus et qu’il suffit de rester là, debout dans la lumière, dépourvu de gestes et de mots, avec ce désir d’amour un peu bête dont le paysage n’a que faire, mais dont on croit savoir qu’il ne point pas pour rien, puisque l’amour précisément est notre tâche, notre devoir, quand bien même serait-il aussi frêle que ces gouttes d’eau d’après l’averse tombant dans l’herbe du jardin.

Jean-Michel Maulpoix

Extrait de : « Une histoire de bleu », de Jean-Michel  Maulpoix, éd. Mercure de France, 1992.




Jean-Michel Maulpoix
Un poème en prose, sensible et touchant.

Qui ne s’est jamais senti pris de vertige, mis à nu devant la Beauté d’un coin de nature ? Qui n’a jamais ressenti le besoin  impérieux de s’y fondre pour ne faire qu’un ? Et vouloir emporter avec soi cet instant éphémère, mais durablement empreint de plénitude… 

Prenons le temps de vivre l’instant présent, il y a tant de petits bonheurs offerts généreusement à qui s’arrête pour les apprécier. N’est-ce pas là une manière simple de se réconcilier avec la vie et, peut-être  un peu, avec soi-même ?

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