vendredi 4 mai 2012

Les enfants qui s’aiment - Jacques Prévert

Les enfants qui s’aiment s’embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne
Et c’est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage leur mépris leurs rires et leur envie
Les enfants qui s’aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l’éblouissante clarté de leur premier amour.


                   Jacques Prévert




Jacques Prévert (1900-1977) était  d’origine modeste. Il avait une personnalité gaie, turbulente et ne s’est jamais totalement plié  aux règles scolaires. Il a donc choisi de quitter l’école à 15 ans. Jacques a vécu de petits boulots durant plusieurs années avant de se lancer dans une carrière littéraire. Artiste populaire, il a su se faire apprécier par son écriture simple et accessible par tous. Sa vie durant, il a défendu les faibles et les opprimés. C’était un libertaire qui n’a cessé de se moquer des convenances. Il s’est souvent placé du côté de la jeunesse et des enfants, de ceux qui n’entrent pas toujours dans le moule institutionnel ou social qui leur est réservé. Il a d’ailleurs beaucoup écrit pour les jeunes : un scénario de dessin animé, des textes pour des chansons enfantines, des contes (« Contes pour des enfants pas sages » en 1947 ou « L’opéra de la lune » en 1953).

En 1951, il publie le recueil « Spectacle », dans lequel se trouve le poème «Les enfants qui s’aiment ». On y retrouve sa vision pleine de tendresse pour l’anticonformisme, la spontanéité et le naturel propres à la jeunesse. Et toujours cette fraîcheur, cette simplicité de l’écriture. Prévert, artiste populaire par excellence n’a jamais perdu son âme d’enfant.

 Pour la petite histoire, il est amusant de savoir qu’il vouait également une  véritable passion aux collages… «  Du moment qu’on écrit avec de l’encre ou un crayon, on peut faire des images aussi, surtout comme moi, quand on ne sait pas dessiner, on peut faire des images avec de la colle et des ciseaux, et c’est pareil qu’un texte, ça dit la même chose. »( in « Collages », Gallimard 1982). Voici quelques œuvres de Prévert :  

  


 

 

1 commentaire: